Entrevista al Dr. Cavero
Interview du Dr Lluís Cavero, chef du département d’ophtalmologie pédiatrique de l’ICR, sur la prévention de la myopie chez l’enfant.

Quels sont les défis actuels en ophtalmologie pédiatrique ?

Probablement, la myopie chez l’enfant est l’un des défis les plus importants. La myopie touche déjà 23% de la population et on prévoit qu’elle touchera 50% d’ici 2050. Ce défaut a un grand potentiel d’être traité pendant l’enfance, lorsque les yeux sont en phase de croissance. C’est pourquoi, les équipes d’ophtalmologie et d’optométrie pédiatriques de l’ICR travaillent en profondeur dans le but de ralentir la progression de la myopie pendant l’enfance et ainsi réduire les complications qui en découlent à l’âge adulte.

En quoi consiste-t-elle ?

La myopie est un défaut dû à une longueur excessive de l’œil ou à une courbure trop importante des milieux transparents (la cornée, le cristallin), ce qui fait que les images ne sont pas focalisées sur le plan de la rétine, mais en avant de celle-ci. L’enfant voit donc flou de loin et doit s’approcher beaucoup pour bien voir.

Comment affecte-t-elle un enfant ?

D’une part, la myopie chez l’enfant limite les activités quotidiennes du patient, car à partir de 0,75 dioptries, une forte dépendance aux lunettes (ou aux lentilles de contact à partir de l’âge de 12 ans) se manifeste.

D’autre part, une myopie plus importante chez les enfants entraîne plus de complications à long terme dans la vie du patient ; elle augmente le risque de cataracte, de glaucome, de strabisme, de décollement de rétine… C’est pourquoi il est très important pour nous de veiller à ce que les enfants aient le moins de myopie possible.

Comment atteindre ce minimum ?

Actuellement, nous disposons de nombreuses options de traitement pharmacologiques et optiques, comme les lunettes ou les lentilles de contact, qui nous permettent de freiner la progression de la myopie. En effet, nous sommes capables de freiner sa progression de 50 %, c’est-à-dire qu’un patient ayant une augmentation d’une dioptrie par an ne peut gagner qu’une demi dioptrie. Cela peut sembler peu, mais si l’on étend ce principe aux 4 à 5 ans pendant lesquels le risque d’augmentation de la myopie est le plus élevé, on peut éventuellement freiner la progression jusqu’à 2 ou 3 dioptries. Cela sera important pour la vie adulte du patient, mais cela signifiera également une meilleure qualité de vie pendant l’enfance.

Est-ce que la myopie pourrait être réduite par une chirurgie réfractive ?

Lorsque le patient sera plus âgé, il pourra envisager l’option de la chirurgie réfractive pour corriger la myopie et réduire la dépendance aux lunettes, bien sûr. Cependant, il faut prendre en compte que l’opération donne de bien meilleurs résultats lorsque la myopie est moins prononcée.

Peut-on la prévenir ?

Bien sûr, du côté des professionnels de la santé, nous avons la capacité de prescrire un traitement à base de collyre d’atropine, actuellement reconnu comme le plus efficace pour freiner la progression de la myopie, et dont nous sommes des pionniers ici à l’ICR. Nous travaillons également avec de nouveaux modèles de lentilles de contact, comme l’orthokératologie, et de lunettes, avec des verres défocalisants périphériques, qui permettent à la myopie de progresser moins rapidement.

El Dr. Cavero realitza diferents proves per la detecció precoç de la miopia infantil.

Que peut-on faire à la maison ?

Plusieurs conseils peuvent être suivis pour réduire le risque de développer une myopie, tels que réguler la consommation d’écrans, s’assurer que l’enfant passe un minimum de 8 heures par semaine à l’extérieur, ou encore s’assurer qu’il dort suffisamment et qu’il a une alimentation équilibrée. En outre, il est très important que les familles donnent l’exemple des habitudes saines.

Si la myopie persiste, peut-on la traiter ?

Une fois que la myopie est apparue, il n’est pas possible de l’éliminer chez les enfants. C’est pourquoi il faut insister sur l’importance des contrôles ophtalmologiques pour les enfants, même s’ils ne se plaignent pas, car certains tests permettent de détecter le risque de myopie avant qu’elle ne se manifeste et de la traiter de manière précoce.

Comment détecter la myopie avant qu’elle ne se manifeste ?

Plusieurs facteurs peuvent nous donner un indice, comme le fait que les parents soient déjà myopes, mais en outre, nous effectuons toujours des tests qui peuvent nous le signaler, tels que la biométrie.

D’autre part, à l’ICR, nous travaillons sur un outil encore plus efficace pour la détection précoce de la myopie chez l’enfant : l’indice hauteur-axe. Il s’agit d’un indicateur qui nous permettra d’identifier le moment où la taille du patient et la longueur de son œil cessent de croître de manière synchronisée et où la myopie apparaît.

À quelle conclusion est-on parvenu ?

Il s’agit d’une étude qui est actuellement approuvée par le conseil scientifique, mais qui n’a pas encore été réalisée. Pour ce faire, nous tiendrons compte des résultats des biométries réalisées à l’ICR (un test que nous effectuerons sur tous les patients pédiatriques atteints de myopie) et nous mesurerons également la taille des enfants à chaque visite.

Il s’agit d’une étude prospective, pour analyser les paramètres nous avons besoin de suivre la croissance de chaque patient pendant 6 ans, donc les conclusions seront tirées dans environ 7 ans. Cependant, cette étude aura un poids très significatif sur le plan scientifique.

Y a-t-il d’autres nouveautés concernant la myopie chez l’enfant ?

De nombreuses recherches sont menées sur différents médicaments, la thérapie génique, les méthodes de détection des méthodes pour détecter quels enfants ont plus de risques de développer la myopie et la thérapie par la lumière rouge. Pour l’instant, il semble que la photobiomodulation fera l’objet d’un travail plus approfondi à l’avenir, en se concentrant sur les effets que la lumière peut avoir sur cette question.

Et quelles sont les nouveautés en ophtalmologie pédiatrique ?

Cette année, nous disposons de deux nouveaux appareils. Tout d’abord, nous avons le Myah, un appareil qui nous fournit beaucoup d’informations sur l’œil de l’enfant et nous permet de comparer toutes ces données avec des graphiques de normalité très détaillés. Cela facilite la prise de décision du spécialiste pour le traitement du patient.

Deuxièmement, nous avons le Reteval, un électrorétinographe, un appareil qui effectue des tests électrophysiologiques d’une manière plus simple pour le patient. Jusqu’à présent, ces tests devaient être effectués sous anesthésie générale ou à l’aide d’électrodes placées entre la conjonctive et la paupière, ce qui pouvait être inconfortable et compliquer la collaboration des enfants difficile. Avec ce dispositif, les électrodes sont placées sur la peau, ce qui est beaucoup plus tolérable pour le patient.

Avez-vous intégré ces appareils à l’ICR ?

Effectivement, les appareils que nous avons mentionnés sont déjà disponibles dans le centre et nous les utilisons. Dans le Département d’Ophtalmologie Pédiatrique de l’ICR, nous sommes très attentifs à toutes les nouveautés en matière de prévention et de traitement de la myopie, et nous avons la capacité d’adopter les options efficaces de manière pionnière, toujours avec rigueur scientifique.

Nous sommes très intéressés par la myopie chez l’enfant, nous disposons de moyens de diagnostic et de traitement, et nous avons la confiance de nombreuses familles, qui nous permettent d’accompagner les enfants dans ce parcours.

Contenu médical révisé par - Dernière révision 14/07/2023

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